Exposition " Des mondes possibles ".
Texte de Moselly Batamack - 2008 - De l'usage du monde en peinture
« Je t’envoie par mail des images de mes tableaux, tu feras un texte si ça te dit… ».
C’est en ces termes que Louis Durran m’a suggéré de lui proposer un témoignage sur sa série de toiles « Des mondes possibles », lesquelles forgées dans une quête de l’ailleurs, explorent des perceptions anachroniques, physiques et mentales de notre réalité.
Bien que sa demande laisse poindre une sincère hésitation, pour moi l’affaire était entendue. Il y’aurait peut être un profit à tirer dans ce dialogue amical autour de la recherche «Des mondes possibles » ; voilà qui est dit.
Mais, comment disserter sur des peintures dont le message est une invitation à déchiffrer une réalité non officielle, sans trahir la sincérité d’une démarche artistique.
Peindre dans l’intention de recouvrer des mondes possibles, n’est-ce pas admettre que notre monde n’est pas un ensemble objectif, ni dans sa forme, ni dans sa destination ? Peindre des mondes possibles, n’est-ce pas représenter le monde, son monde, dans toutes ses dimensions : sociale, mythologique, métaphysique, cosmique ? Tout comme c’est réaffirmer que seule l’œuvre d’art nous éloigne de la réalité immédiate et nous ouvre à des mondes possibles, dès lors qu’elle s’arrache au lexique de la raison et à son emprise dévote qui développe une perspective uniformisante pour le moins discutable.
En nous proposant des œuvres qui réhabilitent une vision du monde comme pure constellation d’éléments sur la formation du monde ; bien au-delà des apparences et des certitudes, Louis Durran revient dans son art, aux formes de dévoilements incertaines, premières, rupestres : à la cosmogonie.
Plusieurs déplacements en 2005 nourrissent cette présentation.
1ère période : le printemps
Je poursuis ma réflexion sur l’image et m’engage un peu plus sur cette voie avec une série de quinze toiles intitulée « Sauve toi un instant » où je retrouve la verticalité des personnages et des horizons-fragments de paysage. Sur cette réflexion, j‘éprouve le désir de retrouver des paysages telluriques et décide de partir pour l' Espagne et la Galice en espérant y trouver ma matière.
2ème période : printempsété
Je m’installe à la Corogne (Espagne) pour y peindre une série de quinze toiles intitulée « un mundo mejor-Galicia »
3ème période : automne
Retour à mon atelier dans les Pyrénées, puis je repars presque immédiatement pour l’Espagne et l’ Aragon pour y retrouver des lieux, comme la vallée du rio Isabena que j' ai traversé à cheval, dans un entrelac de plateaux et de canyons arides. Je fais quelques croquis que j'utilise pour une série intitulée « Un monde meilleur, Aragon »
4ème période : automne-hiver
Je retrouve l’ambiance des bergeries, les cheminements dans les tunnels végétaux avec les animaux et les hommes.
Et fabrique ma cosmogonie.
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